La soudure fait partie des gestes essentiels du couvreur-zingueur. Traditionnellement, on utilise des baguettes composées d’étain-plomb (33 % d’étain, 66 % de plomb). Mais depuis quelque temps, des alternatives sans plomb apparaissent sur le marché.
Aujourd’hui, j’ai voulu tester une baguette d’étain pur (90 % étain, 10 % zinc), commercialisée notamment par Renzing, pour voir ce qu’elle vaut en conditions réelles.
Pourquoi tester l’étain sans plomb ?
Les fabricants mettent en avant plusieurs arguments :
- Santé : absence de plomb → moins toxique pour l’artisan.
- Résistance mécanique supérieure : une simple soudure lisse suffirait, là où il faut d’habitude une soudure “côte barrée”.
- Température de fusion plus basse : environ 185 °C → moins de risque de brûler le zinc.
Côté prix : une petite baguette d’étain sans plomb coûte à peu près le même prix qu’une grosse targette classique, je dirais donc que le prix passe facilement du simple au double. Mais comme il n’y a pas besoin de faire de côtes, la consommation est moindre.
Premier essai sur chantier
J’ai testé la baguette sur une gouttière en zinc :
- Le métal fond très vite, la capillarité est excellente.
- Attention : le zinc perce facilement si le fer est trop chaud → il faut travailler à température basse.
- La soudure est plus lisse, brillante et sans calamine, ce qui donne un rendu propre.
👉 Conclusion après ce premier test : c’est plutôt convaincant, mais il fallait encore vérifier la résistance mécanique.
Essai comparatif à l’atelier
Pour comparer, j’ai soudé deux échantillons bord à bord :
- Avec une baguette classique (étain-plomb 33/66).
- Avec une baguette d’étain pur (90 % étain / 10 % zinc).
Résultats :
- Soudure étain-plomb : rupture nette au niveau de la soudure dès la première torsion.
- Soudure étain pur : après plusieurs torsions, ce n’est pas la soudure qui a lâché mais le zinc lui-même en bordure (zone fragilisée par la chauffe).
👉 On constate donc que la soudure à l’étain sans plomb est mécaniquement plus résistante que la traditionnelle étain-plomb.
Analyse et mise en perspective
En creusant un peu, on se rend compte que :
- Les accessoires industriels en zinc (cuvettes, retours d’angles, origamis décoratifs, etc.) sont déjà soudés à l’étain pur en usine depuis longtemps.
- Si les couvreurs artisans l’utilisent peu, c’est surtout une question d’habitude et de traditions de chantier.
- Les “règles de l’art” en couverture-zinguerie ont toujours été définies de manière empirique (ce qui a fait ses preuves sur 40-50 ans). Pour l’instant, nous n’avons pas encore de retour sur des chantiers soudés à l’étain pur ayant plusieurs décennies.
Avantages constatés de l’étain sans plomb
- Moins de risque de fragiliser le zinc (température plus basse).
- Excellente capillarité, pénétration fluide.
- Pas besoin de côte barrée → gain de temps et de matière.
- Résistance mécanique supérieure.
- Soudure plus propre, sans calamine, plus esthétique.
Faut-il adopter l’étain sans plomb ?
Personnellement, après ce test, je suis convaincu :
- Sur les gouttières, cela limite les risques de brûler la matière.
- Sur les soudures bord à bord, la tenue est excellente.
- Le prix n’est pas un frein : la consommation étant plus faible, on s’y retrouve.
Bien sûr, il faudra encore du recul sur 20 ou 30 ans pour valider définitivement, mais les premiers résultats sont très encourageants.
Conclusion
L’étain sans plomb apparaît comme une véritable alternative moderne et efficace en zinguerie : plus sain, plus résistant et plus facile à travailler.
Reste à voir si la profession saura dépasser ses habitudes pour l’adopter largement.
👉 Et vous, avez-vous déjà testé la soudure à l’étain pur sans plomb ? N’hésitez pas à partager vos retours d’expérience dans les commentaires !
📌 Bonus : Pour ceux qui veulent bien débuter en couverture-zinguerie, j’ai préparé un guide gratuit des outils et gabarits indispensables. Un bon point de départ pour s’équiper sans se ruiner.
