En zinguerie, la qualité d’une soudure ne dépend pas uniquement du geste ou du matériel utilisé. Un paramètre essentiel fait toute la différence : la température de chauffe du fer. Trop froid, l’étain colle sans capillariser ; trop chaud, le zinc brûle et finit par se déchirer avec la dilatation.
Dans cet article, je vous montre les indicateurs simples pour savoir si votre fer est à la bonne chaleur avant de souder, afin d’obtenir des soudures solides, propres et durables.
Comprendre les températures en jeu
- Zinc : fusion autour de 400 à 450°C.
- Étain (métal d’apport) : fusion autour de 200 à 250°C.
- Température de travail du fer : environ 600°C pour obtenir une bonne fusion sans brûler la matière.
👉 L’objectif : chauffer suffisamment pour assurer une bonne capillarité, sans atteindre le point de dégradation du zinc.
Les indicateurs pour reconnaître une bonne chaleur
1. La couleur de l’étain
- Si l’étain jaunit → le fer est trop chaud.
- Si l’étain reste pâteux → le fer est trop froid.
- Si l’étain brille et se lisse facilement → la température est idéale.
2. La réaction sur la pierre d’ammoniaque
En posant le fer sur le bloc :
- Peu de fumée → fer pas assez chaud.
- Fumée dense et régulière → fer à bonne température.
- Excès de fumée avec odeur piquante → fer trop chaud.
3. Le comportement du zinc lors de la soudure
- Fer trop chaud : cloques visibles, zinc fragilisé qui risque de se déchirer avec les efforts de dilatation.
- Fer trop froid : étain collé en surface, soudure fragile qui se fissure rapidement.
- Bonne chaleur : l’étain s’étale de façon fluide, sans cloques, et pénètre par capillarité entre les plaques.
Astuce pour les débutants
Avant d’attaquer une gouttière ou un ouvrage définitif, faites vos essais sur une chute de zinc :
- Appliquez du décapant,
- Posez une goutte d’étain,
- Lissez-la avec la panne,
👉 Observez la réaction : c’est la meilleure école pour apprendre à “lire” la chaleur.
Erreurs fréquentes à éviter
❌ Travailler directement sans tester la chauffe.
❌ Forcer en chauffant trop fort pour rattraper un étain qui ne fond pas (souvent lié à une targette oxydée).
❌ Négliger l’entretien de la panne en cuivre : une panne encrassée conduit mal la chaleur.
Conclusion
Souder le zinc de manière professionnelle, ce n’est pas uniquement savoir manier le fer :
✔️ C’est aussi savoir contrôler la température de chauffe.
✔️ Une chaleur trop basse = collage fragile.
✔️ Une chaleur trop forte = zinc brûlé et fissures dans le temps.
En vous entraînant à observer la couleur de l’étain, la réaction sur la pierre d’ammoniaque et le comportement du zinc, vous développerez rapidement le “coup d’œil” et l’oreille qui permettent de travailler comme un pro.
👉 Cet article fait partie de la série “Comment souder le zinc de manière professionnelle”.
Dans le prochain épisode, nous verrons ensemble les différents types de soudures en zinguerie : soudure chaînette, soudure lisse, soudure grasse, soudure cachée, etc.